Emploi : en plein développement, la filière forêt-bois recrute

Reda azzedu

Confrontée, comme bien d’autres secteurs, à d’importantes tensions de recrutement, la filière forêt-bois offre des métiers riches et variés, qu’il s’agisse de postes en extérieur ou de métiers plus intellectuels. Pour dépasser les clichés parfois associés à ces métiers passions, les acteurs du secteur vont à la rencontre des jeunes générations, qui feront vivre la forêt de demain. C’est l’autre face, moins médiatique et politique que celle du chômage, de la réalité du marché de l’emploi en France : les difficultés de recrutement. En 2021, alors que l’activité économique reprenait après le passage à vide du Covid-19, plus de 70% des professions rencontraient de fortes tensions en termes de recrutement, d’après la DARES. Variant selon les secteurs concernés, les causes de ces tensions reposent principalement sur le manque de compétences et de qualifications spécifiques, l’inadéquation géographique entre offre et demande, ou encore la pénibilité, réelle ou supposée, associée à certains emplois.

Belle forêt cherche bûcheron passionné

De très nombreux secteurs sont affectés par ces tensions : industrie (mécaniciens, métallurgistes, électriciens, machinistes, etc.), BTP (dessinateurs, chefs de chantier, couvreurs, géomètres, charpentiers, etc.), enseignement, informatique, logistique, hôtellerie-restauration, etc. Avec plus de 417 000 emplois en France, la filière forêt-bois n’est pas épargnée par ces difficultés de recrutement. Alors que l’adaptation des forêts et le développement des usages du bois sont indissociables de la transition écologique, les recruteurs de la filière sont donc confrontés à de nouveaux et complexes défis. Le secteur a, par exemple, besoin d’ingénieurs forestier en sylviculture et en exploitation, de bûcherons etc. Un métier exigeant, considéré comme l’un des plus dangereux après celui de pêcheur en mer. Ce que confirme Benjamin, bûcheron en Seine-Maritime : « il faut être très prudent et respecter les consignes », explique l’intéressé au quotidien Le Réveil, « il faut être intransigeant sinon on prend des risques pour soi et pour les autres ». Serait-ce donc par crainte de la pénibilité ou méconnaissance des spécificités de ses métiers que la filière forêt-bois peine à recruter de nouveaux talents – et ce, aux quatre coins de l’Hexagone ?

Des tensions de recrutement dans toute la France

De nombreux territoires sylvicoles sont effectivement concernés par les tensions sur les recrutements. Ainsi, par exemple, en Bourgogne-Franche-Comté, l’une des régions françaises les plus boisées, avec 1,73 million d’hectares de forêt. D’ici peu, 30% des travailleurs de la filière locale partiront à la retraite, ce qui représentera environ 600 postes vacants ; mais trouveront-ils preneurs ? Afin d’anticiper ces nouveaux besoins et d’organiser bien en amont la transmission de précieux savoir-faire, le centre de formation de Besançon ouvrira, en septembre prochain, un bac pro « technicien de scierie »

A l’autre extrémité de la France, en Bretagne, la filière locale fait elle aussi face aux mêmes défis. Si le secteur représente quelque 23 000 emplois dans la région, « sur les 37 agences France Travail de Bretagne, nous avons comptabilisé 5 000 offres (et seulement) 3 000 demandeurs d’emploi », déplore auprès du Télégramme Stéphane Bideau, de France Travail : « 5 000 contre 3 000, cela fait un sérieux delta ». Les métiers dits de « l’amont », c’est-à-dire ceux qui s’exercent en forêt – sylviculteurs, élagueurs, conducteurs d’engins, bûcherons, etc. – sont particulièrement en tension. « On manque de bras », constate dans les pages du quotidien finistérien Sylvain Paligot, formateur en travaux forestiers dans un centre de formation breton.

Le rôle essentiel de la filière forêt-bois

Vérifiables sur l’ensemble du territoire, ces difficultés de recrutement interviennent à un moment où la filière forêt-bois a, paradoxalement, besoin de sang neuf. Et pour cause : alors que la France s’est engagée à atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050, la filière apparaît comme un allié tout à fait incontournable pour espérer réaliser ces objectifs. En adaptant la forêt aux nouvelles conditions climatiques, la gestion durable des forêts par les professionnels de la filière est, en effet, indispensable pour lutter contre les conséquences du réchauffement climatique. Elle est tout aussi nécessaire pour préserver le puits de carbone et permettre aux arbres de continuer d’absorber le CO2 contenu dans l’atmosphère.

La filière forêt-bois a donc un rôle essentiel à jouer sur le plan écologique. Les hommes et les femmes qui la composent et l’animent aussi, eux dont les métiers vont de la gestion forestière durable à la transformation du bois, en passant par la recherche et le développement (R&D), la préservation de la biodiversité ou encore la lutte contre les effets du dérèglement climatique (incendies, maladies, sécheresses, ravageurs, etc.).

Enfin, le poids économique du secteur, qui représente 60 milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel, est prépondérant dans de nombreuses régions françaises, et ce alors que l’usage du bois (dans l’isolation, le chauffage, la construction), plébiscité par le grand public et encouragé par les autorités, est amené à se développer fortement dans les années à venir.

Des métiers d’avenir

Les besoins sont donc là, immenses et urgents, mais l’équation demeure : pas de filière qui tienne sans travailleurs pour la faire vivre. Tenue comme chaque année le 21 mars, la Journée internationale des forêts était justement l’occasion de faire œuvre de communication et de pédagogie auprès des jeunes générations. Ainsi, des centaines d’événements ont été organisés partout en France. Dans le département du Doubs, cette journée a rassemblé plusieurs centaines de collégiens autour de leurs aînés de licence et BTS, enchantés de faire découvrir les métiers variés de la forêt et du bois. Des métiers ouverts via de nombreuses formations, et aux perspectives d’évolution plurielles. Des métiers d’avenir, en somme. Pour renforcer cette dynamique, la filière forêt-bois multiplie par ailleurs les initiatives pour améliorer l’attractivité de ses métiers. Parmi elles, le programme VeryWoodMétiers se distingue par sa volonté de parler aux jeunes dans leurs propres codes : campagnes sur TikTok, Journées Portes Ouvertes, participation au Salon européen de l’éducation…

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