La déconnexion pendant les vacances est un sujet qui prend de plus en plus d’importance dans un monde professionnel où l’hyperconnexion est devenue la norme. Entre “tracances” (mélange de travail et de vacances) et “bleisure” (combinaison de travail et loisirs), le besoin de rester connecté semble difficile à ignorer, même lors des congés. Mais en 2024, les salariés français parviennent-ils réellement à couper avec le travail pendant leurs vacances ? Et quels sont les impacts sur leur santé mentale ?
Le phénomène de l’hyperconnexion en vacances
Une étude récente menée par Deskeo, leader français de l’aménagement de bureaux, a mis en lumière un fait préoccupant : près de la moitié des salariés français ont encore du mal à se déconnecter pendant leurs vacances. Malgré les progrès en matière de télétravail et l’établissement du « droit à la déconnexion », beaucoup restent liés à leur activité professionnelle.
Selon l’étude, 47 % des salariés consultent leurs e-mails professionnels « de temps en temps » durant leurs congés, tandis que 27 % les vérifient régulièrement. Cette difficulté à lâcher prise se manifeste également dans la gestion des appels professionnels : 19 % des employés y répondent occasionnellement, et 14 % le font systématiquement. En revanche, 26 % des répondants affirment réussir à ne jamais consulter leurs e-mails durant les vacances, une minorité qui pourrait bien représenter une forme d’équilibre rare.
Les raisons invoquées pour cette incapacité à déconnecter sont principalement d’ordre personnel. Près de 37 % des salariés se sentent indispensables à leur entreprise, craignant que des urgences ne surviennent en leur absence. Pour 32 %, la peur de prendre du retard les pousse à rester connectés, tandis que 22 % avouent simplement avoir des difficultés à décrocher mentalement du travail.
La pression des employeurs et des collègues
Il est intéressant de noter que la pression directe des employeurs ou des collègues semble être modérée. En effet, seuls 6 % des salariés déclarent ressentir une pression forte de la part de leur hiérarchie pour travailler pendant leurs congés, tandis que 71 % ne ressentent aucune pression explicite. Ce constat met en avant un paradoxe : bien que l’incitation extérieure soit faible, les salariés continuent à s’auto-imposer une forme de présence professionnelle.
Ce phénomène est d’autant plus préoccupant qu’il dépasse les simples limites du cadre professionnel. Il révèle des impacts sociaux notables : 68 % des répondants reconnaissent que le travail pendant les vacances génère des tensions avec leurs proches, un effet secondaire non négligeable sur la qualité des relations personnelles.
Conséquences sur la santé mentale et le bien-être
L’incapacité à se déconnecter a un impact direct sur la santé mentale des salariés. L’étude révèle que 44 % des travailleurs ressentent un impact négatif sur leur bien-être, avec 9 % d’entre eux jugeant cet impact « très négatif » et 35 % le qualifiant de « plutôt négatif ». Cependant, 28 % des salariés affirment que le fait de travailler pendant les vacances a un effet plutôt positif sur leur bien-être, et 5 % y voient même une amélioration significative. Cela démontre que les ressentis face à cette hyperconnexion varient grandement d’un individu à l’autre.
Le retour au travail après les vacances ne se passe pas sans conséquences. Pour 27 % des salariés, cette continuité professionnelle pendant les congés se traduit par un stress accru, tandis que 12 % déclarent un stress nettement plus important. Toutefois, 39 % affirment ne percevoir aucune différence dans leur niveau de stress, et 22 % se sentent même moins stressés après avoir maintenu un lien avec leur travail durant leurs congés. Ces chiffres illustrent que le stress lié à l’hyperconnexion est complexe et ne touche pas tous les salariés de la même manière.
Impact sur la productivité
Du côté de la productivité, les avis sont partagés. Alors que 13 % des salariés estiment que travailler pendant les vacances nuit à leur efficacité à long terme, la majorité (68 %) pense que cela n’a aucun impact. Fait intéressant, 19 % des sondés affirment que leur productivité s’en trouve même améliorée. Il semble que, pour une minorité, l’hyperconnexion peut avoir un effet stimulant, mais cette pratique reste globalement risquée pour le bien-être et la performance à long terme.
Solutions pour une déconnexion plus efficace
Face à ces constats, il est urgent que les entreprises prennent des mesures concrètes pour encourager une véritable déconnexion durant les congés. Parmi les recommandations des salariés eux-mêmes, 64 % suggèrent d’interdire l’accès aux e-mails professionnels pendant les vacances. D’autres, à hauteur de 53 %, prônent un encouragement plus actif de la direction à ne pas travailler pendant cette période.
Kim LE, CMO de Deskeo, affirme : « Pour préserver le bien-être des employés, il est essentiel que les entreprises encouragent activement la déconnexion. Des mesures concrètes, comme limiter l’accès aux e-mails professionnels et désigner des remplaçants pour gérer les urgences, peuvent aider à mieux profiter des congés. »
En effet, l’instauration d’une culture d’entreprise favorisant la déconnexion pourrait améliorer non seulement la santé mentale des employés, mais aussi leur productivité à long terme. Les politiques de bien-être au travail doivent intégrer des pratiques claires pour éviter l’hyperconnexion, comme la mise en place de messages d’absence automatiques, la désignation de personnes référentes en cas d’urgence, et la limitation stricte des échanges professionnels pendant les périodes de repos.
Conclusion
Le phénomène de l’hyperconnexion pendant les vacances est un enjeu majeur de santé mentale pour les salariés français. Si certains parviennent à trouver un équilibre entre travail et vacances, la majorité éprouve encore des difficultés à lâcher prise, au détriment de leur bien-être. Face à ce constat, les entreprises ont un rôle clé à jouer en encourageant activement la déconnexion et en créant un environnement où les salariés peuvent vraiment profiter de leurs congés.
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